Chers collègues,
Vous le savez : nombreux sont les sondages d'opinion qui montrent combien
l'Europe est loin des citoyens, et combien beaucoup reste à faire pour
rapprocher le citoyen de l'Europe !
Des interventions communautaires en faveur d'une promotion de la
citoyenneté existent mais elles demeurent insuffisantes. La décision de
mettre en place un programme de subventions pour la promotion de la
citoyenneté européenne active, pour une période de cinq ans est une bonne
chose.
Promouvoir l'idée de citoyenneté européenne afin que les citoyens
s'approprient l'Europe et s'en donner les moyens tels sont les objectifs
de cette proposition. La légitimité démocratique et la transparence de
L'Union devraient s'en trouver renforcées.
Mais pour être crédible, nous devons commencer par simplifier les
procédures afin de permettre à un maximum d'associations de bénéficier de
cet outil, et cela dans une égalité de traitement.
Or, nous constatons une hiérarchisation entre les ONG.
Je regrette que celle-ci ne soit pas toujours justifiée !
Des critères objectifs devraient être développés par la Commission
européenne pour financer le fonctionnement et les activités des
différentes associations, notamment celles qui interviennent directement
sur le terrain pour donner vie à nos valeurs de solidarité. N'oublions pas
que ce sont souvent grâce à ces associations que la cohésion sociale est
maintenue dans nos banlieues d'Europe où sévit la discrimination.
En effet, comment les citoyens peuvent-ils donner leur confiance à
l'Europe si celle-ci ne leur donne pas les moyens de se battre
concrétement contre les exclusions au quotidien ?
On constate que, dans la pratique, la Commission entretiendrait des
relations privilégiées avec certaines ONG. Ce qui serait inacceptable !
Par ailleurs, si l'accent est mis sur la dimension sociale, nous ne
pouvons pas faire l'économie de sa dimension politique, indispensable pour
réduire le déficit démocratique actuel.
Alors de quelle citoyenneté européenne parle-t-on ?
Le rapport précise que la citoyenneté de l'union complète et élargit la
citoyenneté nationale par la reconnaissance de droits communs. Elle
résulte de la nécessité ressentie par les membres de cette communauté de
partager des valeurs démocratiques communes de se sentir partie intégrante
du processus de construction de l'Union.
Mais pouvons-nous longtemps encore parler de la construction d'une Europe
démocratique qui continuerait à exclure 15 à 18 millions de résidents en
Europe, de nationalité extra-communautaire ?
Par leur participation active dans les différents domaines de cette Europe
plurielle, ils sont des citoyens d'Europe et doivent y être reconnus à
part entière !
Il est certain que si nous voulons une Europe des citoyens, une Europe
juste, démocratique et solidaire, nous devons innover et améliorer cette
citoyenneté européenne.
A l'heure de la liberté de circulation des capitaux, des marchandises, des
personnes, il va de soi que les personnes doivent pouvoir assumer leurs
responsabilités et affirmer leurs droits, quelque soit le pays qu'ils ont
choisi dans l'Espace Européen. L'Europe ne peut pas accepter une
hiérarchisation des citoyens où certains seraient plus égaux que d'autres
!
Tous ceux qui partagent ce même espace de Justice et de Libertés doivent
pouvoir bénéficier d'une véritable égalité des droits là où ils vivent
leur quotidien. Pour cela, nous devons fonder cette citoyenneté
européenne sur la résidence et non plus sur la nationalité.
Trop souvent en Europe, nationalité et citoyenneté sont indissociables.
Les pays de l'élargissement peuvent là nous apporter une expérience
intéressante puisque pour eux, être citoyen d'un état est dissociable
d'une nationalité différente.
Nous souhaitons donc que notre "vieille europe" s'inspire de ce souffle
nouveau pour doter l'Europe de demain d'une nouvelle citoyenneté, fondée
sur la résidence.
Je vous remercie.
Alima Boumédiene-Thiery, Députée au Parlement Européen