En matière d’éducation et de formation, les Picards ont longtemps porté le poids d’un constat peu flatteur : pas bons dans la réussite aux examens, dans l’accès à l’enseignement supérieur... Au fil des ans, il a semblé que cette situation très frustrante ne pouvait évoluer, qu’une fatale malédiction couvrait notre région de sa chape de plomb. Et l’on se contentait d’aligner les constats : la Picardie n’attire pas les talents, les jeunes Picards sont trop tentés d’aller se former ailleurs ou de ne pas se former du tout, dans le pire des cas...
POURQUOI ?
Oui, pourquoi ? Pourquoi ce bilan si peu glorieux alors que la population picarde est l’une des plus jeunes de France ?
Point n’est besoin de chercher longtemps la réponse : Elle est dans l’examen de la place que prenaient l’éducation et la formation dans les volontés politiques régionales de la précédente majorité. Et il est vrai que l’éducation, cela coûte de l’argent pour un retour sur investissement difficilement quantifiable en termes purement financiers. Comme la culture, comme l’action associative : A quoi tout cela sert-il ? Pour certains, à rien. Pis encore, c’est nocif ! Cela ne sert qu’à susciter l’activisme idéologique ! à former des contestataires ! Alors, sous la pression des alliés Frontistes, il a fallu faire des choix et surtout quelques impasses, baisse des impôts oblige !
L’état des lieux ne nous a pas révélé de surprise :
Les Picards ont en moyenne un niveau de formation et de qualification insuffisants ; les jeunes arrêtent leurs études plus tôt qu’ailleurs, les sorties du système scolaire sans qualification sont trop importantes. La faiblesse des revenus des familles ou un projet personnel pas ou mal construit incite souvent les jeunes à quitter l’école, dans l’espoir de trouver un emploi et de gagner ainsi une apparente autonomie.
Le patrimoine des établissements est dans un état très inégal – de plus, pour certains la situation est plus grave que nous ne l’imaginions.
Le manque de moyens, et en particulier de mobilité, sont un frein important à l’insertion et à la formation.
Dans le Supérieur, le manque de logement est important et de trop nombreux étudiants vivent dans la pauvreté.
Cette liste ne se veut pas exhaustive : je pense, cher(e)s collègues, qu’une lecture attentive de tous les documents budgétaires vous a permis de mesurer les défis qui s’offrent à la Picardie en matière d’éducation, de formation, d’enseignement supérieur et de recherche!
Isabelle MAUPIN le notait lors de l’ouverture de cette session budgétaire : « Nous devons parler de financements de projets, non de dépenses ». Il ne s’agit pas de jeter l’argent des Picards par les fenêtres, mais de l’utiliser au mieux pour répondre à leurs besoins et armer notre Région pour vaincre les difficultés auxquelles elle se trouve confrontée.
Comme l’ont souligné à diverses occasions le président GEWERC et les vices-présidents CARON et CARDON, il ne s’agit pas de tout faire tout de suite, mais de construire un projet pour la mandature et d’en fixer le rythme.
Le budget qui nous est présenté pour 2005 est donc une première, mais importante étape. Il est marqué par la concrétisation d’engagements que nous avions pris avec le Parti Socialiste dès la campagne des régionales et qui vont imprimer leur marque pour les années à venir.
Nous notons l’effort considérable consacré à la rémunération des stagiaires et à l’amélioration de leur statut. L’enjeu est clair : inverser la tendance et apporter aux personnes privées et même parfois éloignées de l’emploi la conscience qu’avec l’argent des Picards, la Picardie fait quelque chose pour eux et leur délivre un message fort : « Vous êtes une personne ; vous avez un droit au travail ; vos élus sont déterminés à tout faire pour vous aider à revenir vers l’emploi et vous en donner les moyens ».
Pour le secondaire, le lancement d’un ambitieux programme de réhabilitation du patrimoine s’impose, intégrant les normes de Haute Qualité Environnementale en particulier au niveau des internats ; nous nous félicitons de noter que dans le même temps, la Région prépare l’avenir pour assurer de façon continue, régulière, la maintenance de ce patrimoine.
Par ailleurs, les dispositifs Livres, accès, équipement pro aident les familles et doivent encourager les lycéens à aller au bout de leur parcours scolaire.
L’apprentissage fait lui aussi l’objet d’un effort particulier ; nous notons avec satisfaction que si toute la place qui lui revient lui est donnée, cela ne se fera en aucun cas au détriment de l’enseignement dans les lycées professionnels.
Pour le Supérieur, la construction de logements étudiants, la création du Fonds Social Etudiant nous paraissent des réponses pertinentes aux besoins exprimés et permettront de combattre la scandaleuse paupérisation des jeunes.
Quant à la Recherche, loin d’être oubliée ou négligée dans ce budget, elle devra se développer dans le cadre d’objectifs cohérents par rapport aux choix environnementaux qui ont d’ores et déjà été faits par notre assemblée.
Par ailleurs la Région souhaite compléter le projet de création de Maisons de l’Emploi, de manière à ce que chacun des 15 territoires soit couvert. Bien que critiquée, cette idée ne nous semble pas sans intérêt. En effet, c’est sur l’ensemble du territoire que les demandeurs d’emploi, les personnes en formation, les jeunes ont besoin d’information, et il est vrai que l’accès sera facilité si en un même lieu sont réunis les différents intervenants ; cependant, il faudra être attentif à l’inquiétude qui s’exprime déjà concernant le devenir de certains services ou leur mise éventuelle sous tutelle par d’autres. Chacun doit trouver sa place, dans une mise en cohérence bien comprise et respectueuse du champ de compétence de chacun.
Enfin, s’appuyant sur le bilan de la situation, la majorité vous propose de consacrer une part de l’effort aux formations médicales, paramédicales et médico-sociales, dans une dynamique inter-régionale. La Picardie dans ce domaine a du retard, nous nous félicitons que dès ce premier budget, cette question soit prise en compte et trouve un début de réponse. Voilà un exemple de ce que nous souhaitons voir se généraliser : la mutualisation des moyens et des compétences, la mise en synergie de l’effort des collectivités pour une optimisation de l’efficacité et des résultats.
Je ne puis conclure sans évoquer le mouvement lycéen et enseignant qui se développe actuellement sur l’ensemble du territoire. Notre groupe partage les inquiétudes et les interrogations face à la contre-réforme proposée par le ministre Fillon.
« Ouvrez une école, vous fermerez une prison » : cette affirmation de Victor HUGO est toujours vraie aujourd’hui. Plus largement, la politique très volontariste de la majorité en matière d’éducation et de formation se fonde sur une autre vérité :
Donner au citoyen la possibilité de s’instruire, de se former, de s’insérer, c’est respecter un de ses droits les plus fondamentaux. C’est remplir notre part du contrat social, qui seul permet de construire une société plus juste et plus fraternelle.
C’est pourquoi, au nom du groupe Vert/PRG, je suis particulièrement fière de revendiquer ces choix politiques, que d’aucuns qualifient d’ultra gauchistes supplétifs, et qui honorent notre assemblée.Marie-Jeanne POTIN, Conseillère Régionale.
Retour à la page Campagnes -Actions -Communiqués
Retour à la page de Château-Thierry - Sud de l'Aisne
Retour à la page d'Accueil